L’aquatinte est une technique de gravure dérivée de l’eau-forte. L’eau-forte étant un procédé de la taille-douce qui est la gravure en creux sur une plaque de métal. C’est le motif créé en creux sur cette matrice, qui va retenir l’encre et générer la gravure lors de l’impression au moyen d’une presse.
L’eau-forte est un procédé de taille indirecte : c’est un mordant (acide…) qui creuse la plaque.
L’aquatinte permet d’obtenir des effets de lavis plus ou moins denses selon le temps de passage dans l’acide (temps de morsure).
Pour ma part, j’utilise du zinc.
La préparation de l’aquatinte consiste à déposer sur le zinc une fine couche de résine en poudre qui sera fixée en la chauffant.
Chaque grain de résine rend la plaque étanche à l’acide. Il ne pourra mordre le zinc qu’entre les grains créant de minuscules points. A l’œil ces points créent l’illusion d’un aplat, d’une teinte.
Pour mordre le zinc j’utilise du sulfate de cuivre.
Plus la plaque est plongée longtemps dans le sulfate de cuivre, plus la morsure sera profonde, plus la teinte sera foncée.
Je recouvre les zones que je souhaite préserver d’une teinte de vernis spécial au pinceau. Mon geste peut s’assimiler à celui du peintre. Avec cependant, un résultat inverse : là où je « peins » au vernis, il n’y aura pas de teinte.
A chaque bain dans l’acide la tonalité change : elle fonce. Entre chaque bain je renouvelle la pose de vernis pour garder la teinte obtenue. Je refais ce geste autant de fois que je souhaite avoir de tonalités différentes.
Et comme j’imprime avec de l’encre noire, on peut parler de tonalités de gris.
Là où le résultat du tirage est le blanc du papier, la plaque de zinc n’a jamais été en contact avec le sulfate de cuivre. Le vernis l’a isolé. Là où le résultat du tirage est noir, la plaque a été le plus longtemps en contact direct avec l’acide qui l’a creusé. Les creux vont retenir l’encre et rendre le noir à l’impression.
A la fin du process je retire le vernis et la résine. Je ne connaitrais réellement le résultat de mon travail qu’après impression. Ce qui se passe dans l’acide est difficilement visible à l’œil. Et l’impression se faisant sous presse, ce n’est qu’après que je découvre le résultat. Je peux presque dire que tout se fait en dehors de mes yeux.
Donc pour voir ce que j’ai créé, je dois imprimer. J’encre la plaque avec une encre spéciale taille-douce. Opération délicate car il ne doit rester de l’encre que dans les creux. Le papier chiffon doit être préparé, découpé et humidifié pour qu’il aille chercher l’encre au fond des tailles. Pour ces opérations j’utilise de l’encre Charbonnel et du papiers Arches.
La matrice ainsi créée permet de réaliser plusieurs tirages. Le zinc étant un matériaux « mou » il s’altère rapidement sous la pression de la presse. Le tirage doit être limité pour garder la qualité des gravures. Je réalise des tirages à bords perdus (sans marge). Ainsi, chaque tirage est numéroté, titré, signé au dos des épreuves.